De nombreux électeurs restent indécis dans un jeu à trois (DOSSIER, ECLAIRAGE) Par Eric BASSI
PARIS, 6 avr 2007 (AFP) - A quinze jours du premier tour de la présidentielle, la proportion d'électeurs indécis reste très importante - entre 35 et 50% environ - et la "cristallisation" des choix ne s'est toujours pas produite, dans un jeu à trois présidentiables, estiment plusieurs instituts de sondage.Si de nombreux Français hésitent encore entre plusieurs candidats, tout semble en revanche réuni pour que la participation au scrutin du 22 avril soit importante, s'accordent aussi à dire les sondeurs.
La campagne a suscité un très fort intérêt, l'offre politique est nouvelle, les inscriptions sur les listes électorales ont été très nombreuses et le souvenir de 2002 où la forte abstention avait favorisé la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour est encore très présent dans les esprits.
Mais l'électorat reste très indécis: selon LH2, 53% des électeurs affirment pouvoir changer d'avis d'ici au premier tour. A la Sofres et Ipsos, 37% et 36% ont déclaré la même chose. Le taux d'indécis est de 42% selon l'IFOP et de 33% selon BVA.
Des taux très élevés à quinze jours du scrutin, même si, pour certains sondeurs, ils sont assez proches de ceux constatés en 2002 à la même époque.
Ce qui est frappant pour tous, c'est l'apparition de "passerelles" entre les principaux candidats, dûe pour l'essentiel au repositionnement du candidat centriste François Bayrou.
Le président de l'UDF jouera un rôle-clef dans l'élection, que M. Bayrou soit présent ou pas au second tour, bon nombre d'électeurs tentés par un vote en sa faveur hésitant en fait entre lui, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
"Les électeurs ont du mal à s'identifier à un candidat, l'identification sociologique est moins nette qu'en 2002", explique François Miquet-Marty de LH2. "La campagne a eu des enjeux successifs et changeants", relève-t-il.
"Il y a un électorat qui attend d'avoir toutes les cartes pour juger", souligne de son côté Frédéric Dabi (IFOP).
Selon lui, le profil de cet électorat indécis est féminin (48% des électrices pourraient changer de vote d'ici le premier tour contre 35% chez les électeurs) et jeune (55% chez des moins de 35 ans sont indécis).
C'est dans l'électorat Bayrou "que cette volatilité est la plus forte", poursuit-il: "58% pourraient changer d'avis, 20% hésitent avec un vote Royal, 19% avec un vote en faveur de Nicolas Sarkozy".
Parmi les hésitants, on compte beaucoup de cadres supérieurs et de professions intermédiaires, nombreux dans l'électorat Bayrou, souligne l'IFOP.
L'électorat Bayrou est "composite", fait pour partie de "déçus" de Ségolène Royal - 17% des sympathisants PS voteraient pour lui - et de Nicolas Sarkozy, ou d'"inquiets" vis-à -vis du "positionnement très à droite" de l'ancien ministre de l'Intérieur, selon M. Dabi. Selon lui, "le coeur de l'incertitude dans cette élection est lié à cet électorat", qui représente de 18 à 20% dans les intentions de vote du premier tour.
Au second tour, sur 100 électeurs Bayrou, 35 se reporteraient sur Mme Royal et 40 sur M. Sarkozy, selon la Sofres. Selon LH2, 55,3% des électeurs Bayrou se reporteraient sur Mme Royal.
"Ce qui me paraît intéressant, c'est beaucoup moins l'incertitude que le fait que le vote Bayrou est totalement compatible avec le vote Royal et largement avec le vote Sarkozy", renchérit Jérôme Sainte-Marie (BVA), s'appuyant notamment sur les "seconds choix" des électeurs.
"La partie se joue réellement à trois parmi les présidentiables réels et non pas à deux", dit-il. "La nouveauté, c'est Bayrou, on voit des passerelles ou des doubles passerelles entre la droite et la gauche".
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