SAPIENS

La bataille des législatives est déjà engagée (DOSSIER, PAPIER D'ANGLE) Par Eric BASSI et Tristan MALLE =(INFOGRAPHIE)=

PARIS, 1 mai 2007 (AFP) - L'issue de la bataille du second tour de la présidentielle entre SégolÚne Royal et Nicolas Sarkozy déterminera pour beaucoup le visage de la future majorité qui sortira des urnes, lors des élections législatives des 10 et 17 juin.Quinquennat oblige, cinq semaines à peine aprÚs avoir choisi leur président, les Français seront à nouveau appelés à voter pour élire, pour cinq ans, les 577 députés chargés de mettre en musique la partition politique du nouveau chef de l'Etat.

En toute logique, c'est le parti du candidat victorieux le 6 mai qui devrait remporter la majorité à l'Assemblée nationale.

Sous la Ve RĂ©publique, il n'est en effet pas d'exemple oĂč des lĂ©gislatives organisĂ©es dans la foulĂ©e de la prĂ©sidentielle aient abouti Ă  une majoritĂ© hostile au nouveau locataire de l'ElysĂ©e : ni aprĂšs les dissolutions de 1981 et 1988, ni avec le nouveau calendrier Ă©lectoral rĂ©sultant du quinquennat en 2002.

Renforcés par la bi-polarisation qui s'est manifestée le 22 avril, UMP et PS devraient donc à nouveau dominer la future Assemblée. Selon les premiers sondages, ils sont actuellement à égalité pour le premier tour des législatives dans les intentions de vote, à 32% chacun.

Si l'hypothÚse d'un renversement de majorité d'un scrutin à l'autre, ouvrant la porte à une cohabitation, est peu vraisemblable, l'émergence au premier tour du scrutin présidentiel d'une nouvelle force au centre de l'échiquier politique, derriÚre François Bayrou, pourrait venir troubler ce jeu à deux.

Bien que l'ancien ministre des gouvernements Balladur et Juppé ait consommé sa rupture avec Nicolas Sarkozy, le scénario d'un accord législatif entre le PS et l'UDF, sans doute rebaptisée d'ici aux législatives, est peu probable.

Ni M. Bayrou ni le PS ne semblent pour l'instant envisager une telle alliance au sommet. En outre, le leader centriste doit tenir compte de l'état d'esprit de ses 29 députés, élus en 2002 avec le soutien de l'UMP par des électeurs de droite et dont une majorité a fait allégeance à Nicolas Sarkozy pour le second tour de la présidentielle.

M. Bayrou devrait persister dans sa démarche d'autonomie. Il présentera des candidats dans les 577 circonscriptions, en visant le maximum de triangulaires avec l'UMP et le PS. Mais faute de conserver un groupe, c'est toute sa stratégie qui pourrait s'écrouler.

Au premier tour de la prĂ©sidentielle, M. Bayrou n'Ă©tait arrivĂ© en tĂȘte que dans 4 circonscriptions, toutes situĂ©es dans son fief des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques. Mais il a franchi le seuil des 12,5% d'inscrits (nĂ©cessaire pour se maintenir au second tour aux lĂ©gislatives) dans 469 circonscriptions et celle des 20% des exprimĂ©s dans presque 200.

AprÚs son échec cuisant de la présidentielle, qui a vu Jean-Marie Le Pen tomber à 10,44% des suffrages, contre 16,86% en 2002, le Front National verra en revanche son pouvoir de nuisance réduit.

Présent dans 28 duels et 9 triangulaires au second tour des législatives de 2002, le FN n'était pas parvenu à faire élire un seul député, et il y a encore moins de chances qu'il y parvienne cette fois-ci.

Le Parti communiste, laminé le 22 avril avec 1,93% des voix pour Marie-George Buffet, son plus faible score depuis sa création en 1920, jouera lui sa survie. Faute d'un accord avec le PS, on voit mal comment il pourrait conserver ses 21 députés et donc son groupe à l'Assemblée. S'il ne doit compter que sur ses propres forces, il ne peut espérer en sauver que quelques-uns.

Les Verts, eux aussi étrillés au 1er tour (1,57%), sont dans une situation tout aussi inconfortable. Ils ne pourront garder une représentation minimale au Palais Bourbon - ils avaient 3 siÚges dans l'Assemblée sortante - qu'en renouvelant leur accord de 2002 avec les socialistes. Un accord pas encore concrétisé.