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Bernard Kouchner, de l'humanitaire à la realpolitik, admiré et controversé

Du "French doctor" dans les hôpitaux de fortune du Biafra à ministre des Affaires étrangères sous les ors du Quai d'Orsay, le toujours très populaire Bernard Kouchner, écarté dimanche du gouvernement, a connu un parcours atypique émaillé de controverses.

Joggeur ne faisant pas ses 71 ans, chaleureux ou colérique et très souvent acteur, Bernard Kouchner a occupé pendant quarante ans la scène médiatique pour plaider de grandes causes comme pour faire carrière.

D'abord compagnon de route du Parti communiste, puis membre de plusieurs gouvernements socialistes, c'est finalement un président de droite, Nicolas Sarkozy, qui lui donne en mai 2007 le poste gouvernemental de ses rêves.

Homme de terrain et non de dossiers, il assure qu'il lui a été plus facile d'apporter la contradiction à Nicolas Sarkozy qu'à François Mitterrand. Sa gestion s'est toutefois heurtée à la mainmise de l'entourage du président sur les affaires internationales, de l'Afrique au Moyen-Orient en passant par la Chine, lui laissant un champ d'action de plus en plus réduit.

"Il est très heureux d'être ministre des Affaires étrangères et très triste de ne pas être le chef de la diplomatie", disait de lui l'un de ses collègues au gouvernement. Dans une lettre remise en août au chef de l'Etat, il se plaint d'"humiliations" venues de l'entourage de Nicolas Sarkozy.

A l'aise dans les crises, son discours parfois approximatif mais sans langue de bois le met souvent en porte-à-faux dans un monde au discours très policé. Au Maghreb, il est parfois persona non grata.

Ses relations avec les journalistes sont difficiles. Rabroués facilement, ces derniers se gaussent de ses erreurs de langage: il parle de "yoghourts" au lieu des "Ouighours", s'adresse à "Messieurs et Mesdames les dépités" à l'Assemblée nationale...

Né le 1er novembre 1939, jeune médecin spécialiste en gastro-entérologie, il entame son combat dans l'humanitaire à 29 ans au Biafra, une province du Nigeria en proie à un conflit meurtrier. Le "French doctor" soigne les enfants en Afghanistan, secourt les boat-people en mer de Chine, parcourt le Liban en guerre et Sarajevo assiégée, serre la main de soeur Emmanuelle et pose avec le dalaï-lama.

Co-fondateur de Médecins sans frontières (MSF) - une ONG devenue par la suite prix Nobel de la paix - il la quitte pour créer Médecins du Monde (MDM), puis se lance dans la reconnaissance du "droit d'ingérence humanitaire".

Son goût pour les coups d'éclat médiatiques est critiqué lorsqu'en 1992, alors ministre de la Santé et de l'action humanitaire, il se fait photographier déchargeant des sacs de riz en Somalie.

De 1999 à 2001, il est Haut représentant du l'ONU au Kosovo, enjeu de la première guerre jamais menée par l'Otan. Peu après, il échoue à devenir secrétaire général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). En 2003, il est en faveur de l'invasion américaine de l'Irak. Un livre l'accuse quelques années plus tard de liens d'affaires douteux avec le Gabon ou le Congo.

Ses détracteurs raillent son côté "un tiers-mondiste, deux-tiers mondain". Compagnon de l'ex-présentatrice vedette Christine Ockrent, il dénonce alors des "jalousies".

Aux Affaires étrangères, confronté au double défi d'être un homme de gauche dans un gouvernement de droite et un humanitaire soumis à la realpolitik, il a fini par reconnaître la "contradiction permanente" qui existe entre les droits de l'Homme et la politique étrangère d'un Etat.


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